Chronique de Robert Spieler
publiée dans Rivarol
(n°3060 du 14 septembre 2012)
« L’UMP se situe un peu plus à gauche que le Parti démocrate américain ». C’est la puissante réflexion d’un député UMP, Axel Poniatowski, qui explique les raisons pour lesquelles l’UMP n’a pas envoyé de délégation ni même le moindre représentant à la convention républicaine qui s’est tenue récemment à Tampa (Floride).
DIEU, QU’IL EST NUL !
L’UMP ne goûte que modérément la rhétorique des Républicains américains qui considèrent que « l’Europe est un continent en déclin. » Incroyable, nous nous en étions aperçus. Le Grand Old Party assimile la France au socialisme et à l’assistanat. Pas possible ! Axel Poniatowski, un de ces génies qui a permis à la droite de verser à gauche alors que la gauche française restait de gauche déclare, l’air pénétré : « Les valeurs de la droite américaine et de la droite française se sont considérablement éloignées depuis 15 ans. » Il ajoute : « On a plus de relations avec les démocrates et les think tanks d’obédience démocrate. On l’occulte toujours, mais l’UMP se situe parfaitement en concordance avec le Parti Démocrate. Et encore, on serait plutôt un peu plus à gauche. » Il conclut par cette considération : « La connotation religieuse est tellement prégnante au sein du Parti républicain qu’on se demande un peu où on est. » Soutenir de facto Obama, qui est aussi soutenu par Hollande et le Parti socialiste, est-ce intelligent et courageux de la part d’un responsable de la “droite” française ? C’est bien la preuve que la droite et la gauche du Système, c’est bonnet rose et rose bonnet.
DIEU, QU’ELLE EST NULLE !
Il y a deux semaines, Laurence Parisot, patronne du MEDEF, a introduit Bernard-Henri Lévy à son université d’été en ces termes : « Vous êtes l’incarnation de l’intelligentsia française telle que nous l’aimons. » « L’intelligence française » à propos de BHL, il fallait oser… La majorité des patrons a applaudi, ce qui qualifie leur niveau. Pour avoir beaucoup fréquenté ce milieu, je puis témoigner de la médiocrité culturelle et idéologique de la plupart d’entre eux. Ceci dit, ne soyons pas injustes. Un patron d’entreprise qui se consacre comme un forcené à la réussite de sa boîte n’a guère de temps pour se passionner pour Véronèse, Caspar David Friedrich, Arcimboldo, Nietzsche, Montherlant, Michel Déon ou Couperin. Il y a bien sûr des exceptions tout à fait remarquables. Mais la plupart choisissent des domaines d’intérêt faciles d’accès, où l’apparence est maîtresse. Quoi de plus facile que de briller dans une confrérie du cigare ? Il suffit de prendre un air pénétré en inhalant le tabac et en se planquant derrière les volutes de fumée. Idem pour le vin. Très facile de se la jouer super expert en prenant des airs mystérieux et ultra-concernés, autour d’une table, en commentant, avec des termes compliqués, des vins parfois sans intérêt. Les autres convives, qui n’y connaissent pas davantage en vins, se sentent obligés de prendre les mêmes airs graves, qui n’autorisent aucun ricanement. Mais la cuistrerie la plus considérable est atteinte dans le domaine de l’“art”. Beaucoup se revendiquent collectionneurs. J’ai connu un chef d’entreprise qui m’avait confié, avec un air quelque peu mystérieux, qu’il collectionnait des peintures. Lesquelles ? Il me répondit, très fier de lui : « Les peintures que j’achète à la butte Montmartre ». J’ai failli exploser de rire… Ceci dit, à un tout autre niveau, il y a le super-cuistre richissime François Pinault qui collectionne des œuvres contemporaines et les expose dans un magnifique palais de Venise, le palais Gritti. J’y avais vu un gigantesque Mickey, qui trônait devant le canal, réalisé par un gigantesque zozo, Jeff Koons, ancien mari de l’actrice porno la Cicciolina, et qui est l’artiste adoré de la Jetset et du monde de l’art branchouille et institutionnel. Bref, du monde dégénéré.
Mais revenons à l’université d’été du MEDEF. L’homélie de BHL a eu lieu après l’intervention du Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Que d’émotions ! BHL a des choses à dire, notamment au sujet de la Syrie. Pas de problème : il est venu les dire à Nicolas Sarkozy, cet été, qui passait ses vacances au Cap Nègre. En attendant sans doute qu’il vienne les dire à François Hollande et qu’il entraîne la France dans une nouvelle guerre imbécile.
DIEU, QU’ILS SE HAÏSSENT !
L’élection du futur Président de l’UMP suscite d’étranges manœuvres. On sait que celle-ci se joue entre Copé et Fillon. Fillon est le favori des sondages (si l’on interroge l’ensemble des Français) mais est très, très loin d’avoir emporté la partie. Car ce sont les militants et cadres de l’UMP qui votent, non les électeurs. Nicolas Sarkozy ne dira pas officiellement sa préférence. Pour autant, elle est limpide. Une petite sauterie a eu lieu, il y a quelques jours, dans un bistrot peu prolo, à vrai dire, de Neuilly : le Winston, ancienne adresse préférée de Nicolas Sarkozy pour ses rencontres politiques. Les figures de la droite locale étaient présentes pour soutenir Copé : Jean Sarkozy, fils de Nicolas, et même Charles Pasqua, venu « en ami ». Certes Fillon a fait une belle « prise de guerre » en obtenant le ralliement de Christian Estrosi. Pour autant, la partie semble mal engagée pour l’ancien Premier ministre. Le ralliement du fils de Sarkozy à Copé est, pour le moins, un signe fort de la préférence de l’ancien président de la République. Par ailleurs, une étrange annonce a eu lieu, il y a quelques jours. Henri Guaino, l’ancien conseiller très influent de Sarkozy, a annoncé sa candidature à la présidence de l’UMP. A deux semaines du dépôt des 8 000 signatures requises. Autant dire qu’il n’a a priori aucune chance de les recueillir. Alors pourquoi cette annonce ? Guaino, fidèle parmi les fidèles de Sarkozy, est tout sauf un imbécile et un inconséquent. S’il le fait, c’est sans doute sur ordre. L’objectif est de lancer un missile furtif sur le vaisseau de Fillon. Il est possible que Guaino, constatant qu’il n’a pas pu réunir en deux semaines les 8 000 signatures, choisisse d’appeler à voter Copé. Et gageons que Copé sera élu. C’est ainsi que cela se passe en démocratie…
ALERTE ! L’ANTISÉMITISME EST TOUJOURS PRÉSENT !
C’était le soir du Shabbat. Un touriste belge de confession juive, Jack Field, 35 ans, « juif pratiquant » selon ses termes, logeait dans un hôtel des Arcs. Or, il convient de ne pas ignorer que pendant le Shabbat, on ne doit pas allumer les lumières directement ou indirectement. Or, damned, déclare-t-il, « dans le couloir de l’hôtel, il y avait une lumière qui s’allumait automatiquement à mon passage. » Emoi, scandale, couinements. Le touriste, extrêmement arrogant, exigea la condamnation du système d’éclairage, quitte à payer un petit peu (un petit peu !) plus. L’hôtelier, connu pour avoir une forte personnalité, l’envoya derechef promener. Devant la houtspa (culot monstre en hébreu) de notre ami Field, l’hôtelier, ni une, ni deux, récupéra les affaires de celui-ci dans sa chambre, les déposa devant l’hôtel, et l’invita à se faire voir ailleurs. Houlà ! Le Bureau de vigilance contre l’antisémitisme, dirigé par Sammy Ghoslan a été saisi illico.
Sammy a fait savoir son intention de déposer plainte pour « refus de vente » et « injure à caractère antisémite ». Rien de moins… L’hôtelier, qui vient d’être auditionné par les gendarmes, a déclaré : « Qu’est-ce que je fais ? Je lui facture deux jours d’électricité et puis il porte plainte parce que c’est trop cher ? » Ils sont vraiment rigolos…
PORTONS LA KIPPA EN SIGNE DE SOLIDARITÉ
Emotion : des Berlinois chrétiens, juifs et même, paraît-il musulmans, sont sortis dans les rues de la capitale allemande, portant la kippa (on a du mal à le croire pour les musulmans), samedi 1er septembre, afin de manifester contre la haine religieuse. L’agression d’un rabbin par « quatre jeunes apparemment d’origine arabe » (houlà ! en voici une stigmatisation !) a suscité une vive émotion en Allemagne. Le rabbin berlinois Andreas Nachama explique : « Il y a depuis quelques années une forme d’hostilité à l’égard des juifs liée au conflit au Proche-Orient ». « On subit des attaques verbales », ajoute celui qui est aussi directeur de la Topographie de la terreur, un centre de documentation de plein air consacré à la politique de persécution du régime nazi. En attendant, le leader islamophobe néerlandais Geert Wilders, ultra-sioniste parmi les ultra-sionistes, vient de se faire sévèrement remonter les bretelles par le Grand rabbin d’Israël. Wilders prône l’interdiction de l’abattage rituel. Du coup, le Grand rabbin, qui se sent concerné, on se demande pourquoi, menace les Pays-Bas d’un exil massif des Juifs néerlandais. Tout en nuances, ces gens-là…
CEUX QUI REFUSENT LA LÉGION D’HONNEUR
Cela arrive. Il y a quelques insolents, quelques courageux ou quelques hérétiques à refuser la Légion d’honneur. C’est le cas d’Annie Thébaud-Mony, spécialiste des cancers professionnels, qui vient de dédaigner la plus haute décoration honorifique française afin de dénoncer l’impunité des « crimes industriels ». Philippe Randa le raconte dans sa chronique. Thébaud-Mony dénonce « l’accumulation des masses environnementales, en matière d’amiante, de pesticides, de déchets nucléaires et chimiques. » Pourquoi pas… Bon, il y a certes d’autres déchets, mais passons. C’était l’écologiste Cécile Duflot qui avait décidé de la lui décerner, chaque ministre ayant droit à son lot de breloques. D’autres avaient refusé cette sublime vanité. George Sand la refusa pour « ne pas avoir l’air d’une vieille cantinière », comme Berlioz qui attendait que l’Etat lui règle une facture de 3 000 francs pour un requiem et qui s’écria : « Je me fous de votre croix, donnez-moi mon argent. » Ou encore Marcel Aymé qui entendait, en 1949, dénoncer l’épuration toujours en vigueur. Il déclara « Pour ne plus me trouver dans le cas d’avoir à refuser d’aussi désirables faveurs, je les prierais qu’ils voulussent bien, leur Légion d’honneur, se la carrer dans le train, comme aussi leurs plaisirs élyséens. » L’écrivain communiste Aragon l’avait lui aussi refusée. Commentaire du poète Jacques Prévert : « C’est très bien de l’avoir refusée, mais encore faudrait-il ne pas l’avoir méritée. » Citons aussi Edmond Maire, ancien secrétaire général de la CFDT, qui la refusa en déclarant : « Ce n’est pas à l’Etat de décider ce qui est honorable ou pas. » A côté de ceux qui refusent la Légion d’honneur, il y a ceux qui en rêvent et ceux qui en usent comme d’un colifichet destiné à récompenser quelques menus services. Je passerai rapidement sur le cas de ce député centriste alsacien, que j’ai déjà évoqué dans ces colonnes, qui quémandait depuis trois législatures la divine médaille, qui ne lui fut jamais accordée. Le pauvre était en ces années noires de l’histoire le chef des jeunesses hitlériennes de Colmar. Pas grave en soi. D’autres avaient fait pire, mais la police connaissait l’existence d’une photo qui menaçait d’être rendue publique… A propos de menus services, je me souviens d’une réception avec les élus alsaciens, il y a quinze ans, en présence de Jacques Chirac, président de la République. Ce dernier s’approcha d’un de mes collègues du RPR, syndicaliste agricole, et, visant sa boutonnière, lui dit : « Mais, tu ne l’as pas ? Je vais te la donner. » Voilà comment ça se passe en République…
ZEMMOUR ET LE “BÉTON SOCIAL”
Le durcissement de la loi SRU prévu par Cécile Duflot, ministre verte de l’Egalité des Territoires et du Logement, visant à bétonner la France d’HLM, dont on devine qui seront les bénéficiaires prioritaires, énerve Eric Zemmour. Que dit-il ? « Il fut un temps pas si lointain où être écologiste signifiait qu’on aimait et défendait la nature, les petites fleurs, les gazouillis des oiseaux, la petite maison dans la prairie. Désormais leurs héritiers ne jurent que par le béton, encore le béton, toujours le béton, mais du béton social, bien sûr ! » Bien vu…
ON AURA TOUT VU : UN ENSEIGNANT TRANSSEXUEL DANS UNE ÉCOLE “CATHOLIQUE”
Il était homme, et le voici femme. Enfin, presque car l’opération n’aura lieu que dans quelques mois. Il était homme et enseignant au lycée Saint-Stanislas à Nantes. Voici ce professeur de Technologie et sciences industrielles toujours professeur, mais avec un prénom féminin et une apparence féminine, en cette rentrée de septembre, dans le même lycée. Ce changement s’est fait en plein accord et en concertation avec la direction diocésaine de l’enseignement “catholique” à Nantes, ce qu’a confirmé Didier Groleau, adjoint au directeur diocésain de l’enseignement “catholique” de Loire- Atlantique. J’éprouve une immense fascination pour cet improbable oiseau (je parle de l’adjoint au directeur diocésain) pour cette justification qui sent un mélange de cafard et de blette et qui déclare : « Nous avons été prévenus de son choix l’année dernière. Nous l’avons invité à prévenir le rectorat qui est son employeur (on se défausse, mine de rien, comme ça, en passant…). Nous avons ensuite organisé, avec son accord (très important, son accord, ça fait démocrate), l’information auprès des autres enseignants et des parents d’élèves et élèves concernés, qui ne sont qu’une petite vingtaine (une petite vingtaine, mais c’est rien…). » Information hyper importante : des courriers ont été envoyés aux familles et le service psychologique de l’enseignement “catholique” a été avisé. Sans commentaires…