Robert Spieler
Rivarol
n°3076 11 01 2013
LE QUOTIDIEN Aujourd’hui s’est amusé à établir la liste des douze chantiers du président Hollande, pour cette année 2013. Référence bien sûr aux douze travaux d’Hercule. Parmi ces chantiers, on trouve sans surprise l’inversion de la courbe du chômage, la réduction des déficits à 3%, la libération des otages français, la remontée dans les sondages, « faire aimer Valérie Trierweiler des Français» (vaste programme aurait dit De Gaulle), etc...
HOLLANDE ET SES CRAVATES
Mais un des chantiers les plus importants concerne la cravate de Hollande. Le président a, beaucoup d’observateurs l’ont noté avec amusement, un problème de port de cravate. Celle-ci apparaît en effet régulièrement de travers. Un étudiant en école d’ingénieur bordelais, Bastien Uranga, a eu l’idée amusante de créer un site sur internet, qui recense, photo à l’appui, toutes les fois où la cravate présidentielle ne se tenait pas droite. On pouvait lire, il y a quelques jours, ce commentaire sur son site Françoistacravate.fr : « Je suis la cravate de François Hollande et j’ai été portée 195 fois de travers sur 342 apparitions publiques »...
HOLLANDE ET LE PÈRE NOËL
Le Père Noël s’était rendu à l’Arbre de Noël de l’Elysée. Il y a rencontré François Hollande. Des photos, cinquante précisément, de cet émouvant spectacle furent prises par les services de l’Elysée et postées su Facebook, les journalistes n’ayant pas été autorisés à couvrir cette importante rencontre. L’Elysée verrouille décidément son image. Hollande la verrouille à tel point que quelques jours plus tard, 11 des photos avaient disparu. Lesquelles ? On vous le donne en mille : notamment les gros plans de la rencontre entre François Hollande et le Père Noël !
HOLLANDE ET SES VOEUX DE JOYEUX NOËL
Des vœux de Joyeux Noël adressés aux chrétiens de France ? Mais vous plaisantez ! Ces vœux n’ont pas été formulés par Hollande qui, il est vrai, était occupé par une nuit de réveillon laïc et républicain chez sa nouvelle belle-mère à Angers. S’il a oublié les chrétiens, Hollande n’avait pas négligé les musulmans lors de la fête de l’Aïd-el-Fitr, fin août. Saluant la fin du mois de Ramadan, il leur adressait « tous ses vœux de bonheur, de santé et de réussite». Les musulmans en ont de la chance, eux...
HOLLANDE ET L’ABBÉ PIERRE
C’est le cardinal André Vingt-Trois qui a curieusement évoqué l’affaire au micro de RTL, le 7 décembre dernier. François Hollande inaugurait le Bric-à-Brac Emmaüs, un magasin destiné à revendre des objets collectés par l’association fondée par l’abbé Pierre. A priori, il n’y avait aucun souci pour Hollande qui s’apprêtait à blablatérer sur les valeurs de solidarité que l’on retrouverait aussi bien dans la morale chrétienne que dans la morale laïque. Mais le diable se cache parfois dans des détails. Dieu merci, des conseillers en communication du Conducator l’ont débusqué à temps. Imaginez-vous qu’un grand portrait de l’abbé Pierre se trouvait dans l’axe même du pupitre où le génie cosmoplanétaire français devait prendre la parole. Houlà ! Mais n’y avait-il pas là un fâcheux risque de soupçon de collusion entre l’Etat et l’Eglise ? Et puis, et puis, l’abbé Pierre n’était pas si clair que cela : son soutien à Garaudy, des propos très, très limites sur des sujets avec lesquels on ne transige pas, qui firent couiner en leur temps… Du coup, le portrait fut retiré et François Hollande put bafouiller son discours à son aise. Heureux homme…
HOLLANDE ET LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL
Comme on le sait, le Conseil constitutionnel a récemment censuré la taxation à 75 % des Français les plus riches. Cette taxation était une des mesures phares de la campagne du candidat Hollande, et elle lui a permis sans doute de l’emporter sur Sarkozy. Sauf que, comme le déclare un député socialiste, « le bon coup du candidat s’est transformé en boulet pour le président». Jean Arthuis, ancien ministre de l’Economie et vice-président du parti centriste de Borloo déclare quant à lui : « C’est la sanction de l’amateurisme». Du coup l’Elysée a demandé à Matignon de revoir la copie de A à Z. Mais il n’y a aucune solution satisfaisante. Le Conseil constitutionnel, certes majoritairement de “droite”, juge parfois en toute objectivité, dans le respect du droit, et n’avait pas hésité à censurer la taxe carbone proposée par Sarkozy. Pourquoi a-t-il retoqué la loi sur la taxation ? Elle prévoyait la taxation à 75 % au-delà d’un million d’euros pour une personne. Conséquence : un couple dont l’un dispose d’un revenu supérieur à un million d’euros, et l’autre d’aucun revenu va payer l’impôt. Un foyer où les deux disposent chacun de 999 999 euros, soit près de deux millions d’euros à deux, ne paierait rien. A raison, le Conseil constitutionnel a jugé cette loi inéquitable. Cette taxe, de plus, ne représentait que 2 % des recettes fiscales espérées. Comme le dit fort justement Vincent Drezet, le secrétaire général du Snui (Syndicat national unifié des impôts) : « Pour une taxe qui ne devait pas rapporter grand-chose, on a perdu beaucoup de temps. »
LE RETOUR DES CHEMISES BRUNES EN ALLEMAGNE ?
On ne rigole pas, en Allemagne, avec son lourd passé. L’autoflagellation est la norme. Dans un très long article, l’hebdomadaire Der Spiegelévoque l’épouvantable thématique de l’antisémitisme en Allemagne et conclut, 70 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale : « Il n’y a rien qui intéresse plus les Allemands que leurs relations avec Hitler.» Mais il n’y a pas que les Allemands qui s’intéressent à Hitler. L’écrivain américain Tuvia Tenebom, né à Tel-Aviv en 1957, a voyagé pendant plusieurs semaines en Allemagne, en 2010. Il en a tiré un livre, dont le titre seul donne le frisson : Allein unter Deutschen (Seul parmi les Allemands). Il a rencontré lors de son voyage des célébrités, des gérants de magasins (des gérants de magasins !), des professeurs, des étudiants, des militants d’extrême-gauche et des néonazis. Sa conclusion est sans appel : huit Allemands sur dix expriment de « manière latente ou inconsciente » des convictions antisémites. Der Spiegel n’apprécie que modérément qu’un juif, américain de surcroît, vienne donner des leçons d’anti-antisémitisme, dont l’hebdomadaire se considère comme pilote. Il fait de la surenchère dans l’auto-flagellation, écrivant : « Nous n’avons pas besoin de l’avis des autres pour arriver à la conclusion que le passé nazi est encore très présent en Allemagne.» Et le Spiegel d’établir la liste des abominables évènements antisémites allemands en 2012. Il cite bien sûr le prix Nobel de littérature Günther Grass qui a commis un poème très critique à l’encontre d’Israël, preuve évidente d’un antisémitisme rabique, et la rameuse Nadja Drygalla qui fut expulsée du village olympique et forcée à abandonner sa participation aux Jeux olympiques. Son crime était, il est vrai, atroce : elle fréquentait un cadre du parti nationaliste NPD. Et puis, le festival de Bayreuth… Grave questionnement, l’été dernier : un chanteur russe, portant le tatouage d’une swastika, devait-il être autorisé à chanter au célèbre festival ? Voilà où en est l’Allemagne… Le Spiegel conclut son dossier par ces fortes paroles : « Même 70 ans après, ça fait une différence si un acte de xénophobie a lieu en Allemagne… On reste un cas à part car Hitler est un des nôtres ». Quand la plupart des journaux allemands évoquent les “bizarreries” du livre (tel la Süddeutsche Zeitung) ou « les exagérations d’un étranger» (l’Abendblatt de Hambourg), il y en a un qui ne cache pas sa joie, évoquant le « nectar amer de la vérité nue.» Il s’agit du journal juif allemand Jüdische Allgemeine. En voici qui font tout pour se faire bien voir des Allemands…
HITLER, À GENOUX DANS LE GHETTO DE VARSOVIE
La statue du Führer, intitulée Him (Lui, en anglais), vient d’être installée au coeur de Varsovie, par l’“artiste ” Maurizio Catalan. On le voit, agenouillé, priant. Que du bon goût ! Le but, selon les organisateurs, serait de faire réfléchir les gens sur la nature du mal. Rien de plus, rien de moins. Du coup, ça couine sec du côté des Associations. Le Centre Simon Wiesenthal évoque « une provocation insensée qui insulte la mémoire des victimes juives du régime national-socialiste.» Il paraît, selon Efraim Zuroff, directeur du Centre, que la seule prière d’Hitler était que les juifs soient rayés de la carte. Le directeur du Center for Contemporary Art qui organise l’exposition se défend en expliquant qu’il s’agit d’une « œuvre d’art qui essaie de parler du fait que le mal se cache partout dans le monde.»
UNE JOLIE RAFFARINADE
Raffarin pratique la phrase creuse, assénée avec gravité, comme Monsieur Jourdain pratiquait la prose. J’avais évoqué quelques raffarinades dans un article précédent, dont celle-ci qui est d’une beauté à couper le souffle : « La route est raide, mais elle est droite.» Voici sa dernière œuvre : « Année 2013 : aimons-la, si nous voulons qu’elle nous aime. C’est l’année de la foi.»
DEPARDIEU URINE SUR LA TÊTE DE HOLLANDE
Et voici Johnny Hallyday qui s’y met. Il apporte son soutien à Depardieu et se moque de François Hollande. Johnny a posté sur son compte Twitter un photomontage représentant Gérard Depardieu, à côté du Manneken Piss de Bruxelles. Depardieu y est représenté, urinant sur la tête de François Hollande… En attendant, Depardieu sera bien accueilli à Néchin, dans son nouveau village belge, même si l’acteur a finalement choisi de devenir citoyen russe. Le bourgmestre du village où Obélix a acheté une maison a présenté ses vœux à ses administrés, déguisé en Astérix : moustache, casque, tout y était… Il a souhaité « une année pleine de folie» à ses administrés. Le maire, Daniel Senaseal a, il est vrai, une sérieuse réputation d’original qui ne devrait pas déplaire à Depardieu. L’année dernière, il avait présenté ses vœux de Noël … en slip !
TARDI (ET D’AUTRES) REFUSENT LA LÉGION D’HONNEUR
Tardi est certes antimilitariste, anarchiste, mais il est, aux côtés de Comès et de Vuillemin, qui sont aussi de gauche, le plus grand dessinateur de bandes dessinées français. Il a notamment illustré Le Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline. Dans ses albums, tels que La der des ders, il dénonce avec un dessin très noir, les horreurs de la guerre. Quant à Comès, les lecteurs de RIVAROL qui aiment la bande dessinée se doivent de lire ce chef-d’œuvre qu’est « Dix de der» (Casterman). Pour ce qui concerne Vuillemin, dont le dessin évoque Reiser, lisez Hitler=SS, dont le cynisme est absolu, et qui fut, il y a trente ans, interdit de vente en kiosque, aux mineurs. A mourir de rire, pour ceux qui ne respectent aucune souffrance…
Mais revenons à Tardi. Le dessinateur, qui n’avait rien demandé, se voit décoré de la Légion d’honneur. Il a déclaré : « C’est tout simplement inconcevable pour moi. L’accepter serait une compromission. Je suis un homme libre et je veux le rester. Je ne veux rien avoir à faire, avec le pouvoir politique, de droite ou de gauche.» Tardi n’est pas le premier à refuser ce hochet. En 2009, deux journalistes, Françoise Fressoz du Monde et Marie-Eve Malouines de France-Info l’avaient courageusement refusé, estimant que « rien dans leur parcours ne justifiait pareille décoration.» Philippe Seguin la refusa aussi, au motif qu’elle ne fut pas accordée à son père, héros de la Libération. Quant à Jack Ralite, ancien ministre communiste, il explique : « Je n’ai pas refusé trois fois la Légion d’honneur sous la gauche pour l’accepter une fois sous la droite.» Nombreux sont les artistes et écrivains qui la refusèrent : citons Hector Berlioz, Maurice Ravel, Jean-Paul Sartre, Albert Camus, George Sand, et les peintres Claude Monnet et Gustave Courbet… Geneviève de Fontenay, qui fut l’organisatrice des Miss France a, elle aussi, refusé cette décoration. Ce n’est certes pas une grande intellectuelle, mais sa remarque est pleine de bon sens : « C’est comme les madeleines en chocolat. On la distribue à la tonne, c’est ridicule, ça n’a plus de sens. A l’origine, elle était décernée pour services rendus à la nation. Mais qu’on la donne à Régine… Ils ont même décoré un coiffeur connu. Moi, je n’avais aucune raison de l’avoir. Il faudrait faire le ménage là-dedans…» En effet…
LE DIVORCE EN POLITIQUE
Savez-vous qui est Veronica Lario ? Et qui est Yasmine Tordjman ? La première fut l’épouse de Silvio Berlusconi, dont elle vient de divorcer. Elle ne supportait plus, paraît-il, le comportement de son mari, volage à l’excès et grand amateur de jeunes, voire très jeunes filles. Elle n’est cependant pas franchement malheureuse puisqu’elle percevra une modeste pension de trois millions d’euros par mois, soit 100.000 euros par jour. De quoi voir venir… Tout n’étant cependant pas rose, elle n’a pas récupéré, comme elle l’espérait, la villa milanaise du couple d’une valeur de 78 millions d’euros. Quant à la seconde créature, Yasmine Tordjman, elle vient de divorcer d’Eric Besson, qui fut ministre, issu de la gauche qu’il trahit de façon assez éhontée pour rejoindre Sarkozy et les ors du pouvoir. Le pouvoir, dit-on, est aphrodisiaque. Yasmine Tordjman, jeune et
jolie Tunisienne de 28 ans, lui tomba dans les bras. Elle était l’arrière-petite-fille de la seconde épouse d’Habib Bourguiba et proche de la famille de Ben Ali. Une valeur sûre pour le ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement, du gouvernement Fillon. Las, Besson n’est plus ministre. Il n’est plus rien. Méprisé par ses anciens camarades de gauche, exécré par ses anciens compagnons de droite, haï sans doute par lui-même, méprisé par Yasmine Tordjman, il n’est plus rien, plus rien, et doit méditer la façon honteuse dont il avait laissé choir sa première épouse, la géographe Sylvie Brunel.