Robert SPIELER - RIVAROL N° 3164 du 20 novembre 2014
FLORIAN Philippot, le numéro deux du FN, ne recule devant rien. Pour le 44e anniversaire de la mort de Charles de Gaulle, le vice-président du Front national a rendu hommage, à titre personnel, au général, « référence absolue» de son engagement politique, il y a quelques jours, à Colombey-les-deux-Eglises (Haute-Marne). En présence de hautes références, tels Anne Hidalgo, maire PS de Paris, dont on se demandait ce qu’elle venait faire là, et le préfet de Haute-Marne. Curieusement, aucun cadre de l’UMP n’avait fait le déplacement. Nicolas Sarkozy, qui cite pourtant à tour de corde vocale le massacreur de Brasillach, de Bastien-Thiry, de Dovecar, de Piegts et de tant d’autres, était absent. Mais Philippot était là, entouré d’une centaine de militants. Il a déclaré, à son arrivée, l’air grave et la bouche en cul de poule, avant de déposer une gerbe sur la tombe blanche de Charles De Gaulle, sous les quolibets de quelques spectateurs : « Le général est un exemple pour moi, une référence absolue pour mon engagement politique. Il figure la Résistance et incarne l’indépendance nationale, la grandeur de la France et le rassemblement des Français. »
LE FN MARINISTE ET GAULLISTE A ENCORE FRAPPÉ
Il a beau être énarque, mais cet oiseau ne sait pas de quoi il parle. Le volatile ne pouvait évidemment pas s’arrêter en si bon chemin. Comme les cacatoès, bavard en diable, il poursuivit son profond cheminement intellectuel, déclarant (toujours avec la bouche en cul de cacatoès) : « Le message du général De Gaulle est un message très moderne avec une éthique très forte. Alors que le système politique UMPS se perd dans les boules puantes et le marigot politicien, il y a chez nous au FN une volonté de faire vivre la France dans sa grandeur et sa souveraineté». Une grandeur qu’incarnait De Gaulle, comme ne l’ignorent pas ceux qui n’ont pas oublié Robert Brasillach, le maréchal Pétain, ni les rapatriés et les harkis… Mais qu’en dit Marine Le Pen, qui a évidemment donné son accord à la prosternation de Philippot ? Elle a rappelé qu’il s’agissait d’un « geste personnel», se déclarant pour sa part, “gaullienne” et ajoutant : « J’accorde au général de Gaulle d’avoir été probablement le dernier véritable chef d’État, avec une vision d’une France libre de sa destinée. » Elle a tout de même relevé, cherchant sans doute à éviter la fureur de son père : « Entre le général De Gaulle et moi, il y a la guerre d’Algérie. J’ai beaucoup de considération et jepartage la souffrance des pieds-noirs, des harkis, qui ont eu le sentiment (sic) d’être trahis». Elle n’a évidemment pas évoqué Robert Brasillach, qu’elle ne connaît sans doute pas. Mais que dit Florian Philippot ? « L’affaire algérienne est une affaire ponctuelle (ponctuelle… !), qui laisse encore des traces, mais le temps passe». « Comme le temps passe », pour reprendre le titre du magnifique roman de Robert Brasillach. Certes, mais nous, nous n’oublierons jamais, nonobstant le temps qui passe…
BONNE NOUVELLE : JUPPÉ, LE CHÉRI DE CES MESSIEURS-DAMES, ÉVOLUE
On se souvient d’Alain Juppé, « droit dans ses bottes ». Juppé se révèle être, en fait, un être sensible qui change d’opinion comme de petite culotte. Député de la Gironde au moment du débat du Pacs, en 1999, il vote contre, expliquant que s’il était contre, c’est parce qu’il était contre. Mais pas de problème, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Dix ans plus tard, il avait déjà réfléchi et se déclara « favorable à une totale égalité des droits, au travers d’une union civile». Il déclara, l’air grave et concerné : « J’ai évolué et je pense aujourd’hui qu’il faut donner aux homosexuels exactement les mêmes droits qu’aux hétérosexuels», ajoutant dans une récente interview aux Inrocks : « Je suis convaincu qu’on ne reviendra pas en arrière : on ne démariera pas les couples homosexuels. » Mais qu’en est-il de l’adoption pour les couples homosexuels ? « Aucun des arguments en faveur de l’adoption ne tient la route», déclare-t-il, toujours aussi droit dans ses bottines, en janvier 2013. Oui, mais que dit-il en octobre 2014 sur le plateau de l’émission « Des paroles et des actes » ? « Je me fais violence (au sujet de l’adoption par les homosexuels) » Et puis, et puis ? Il vient de déclarer, il y a quelques jours : « Après mûre réflexion, je suis favorable à l’adoption par un couple du même sexe». Ciao, pantin !
GILBERT COLLARD MOUCHE MARINE LE PEN
J’ai souvent critiqué dans ces colonnes Gilbert Collard. Le député Rassemblement Bleu Marine du Gard vient cependant de dire une vérité qui déplaira forcément à Marine Le Pen, qui avait déclaré qu’il n’y avait pas de Grand Remplacement, que la thèse de Renaud Camus était erronée, qu’il s’agissait d’une thèse complotiste, racialiste, etc. Gilbert Collard vient d’affirmer : « Je pense qu’il y a tous les risques d’un grand remplacement », vantant au passage les qualités de Renaud Camus. Mais que pense-t-il du déni de Marine Le Pen, pour qui, sans doute, l’immigration musulmane n’est pas un danger pour la France ? Il considère que la formulation inepte de « fantasme racialiste» est une “couardise”. Une fois n’est pas coutume, bravo Me Collard !
L’HUMOUR, INTERDIT EN FRANCE
On sait que ces gens-là n’ont aucun humour. Pas davantage que ceux qui guillotinaient dans les années 1794. Pas davantage que ceux qui massacraient dans les années 1945. Le directeur de la publication de Minute, Jean-Marie Molitor, vient d’être condamné à 10 000 euros d’amende pour sa “Une” consacrée à Taubira. Une somme ridicule, a considéré le parquet de Paris, qui a fait appel le 12 novembre. Les juges, considérés comme trop cléments, avaient par ailleurs relaxé Molitor et le dessinateur David Miège, dans l’affaire du dessin représentant un singe, versant une larme, au sujet duquel l’avocat déclarait : « Mon client porte plainte pour avoir été odieusement caricaturé en madame Taubira». Le ministère public a décidé là aussi de faire appel. Me Frédéric Pichon, avocat de Minute et de Jean-Marie Molitor, parle non sans raison d’« acharnement judiciaire ».
L’HUMOUR INTERDIT EN FRANCE (SUITE)
Christian Schoettl, le maire de Janvry (Essonne) est un parfait inconscient, tendance suicidaire. Il vient d’appeler un lama femelle qui vient tout juste d’intégrer le parc animalier de Janvry, “Najat”. Un lama cracheur, qui a la prétention de se mêler de l’Education, comme Najat Belkacem, on n’avait, il est vrai, jamais vu ça. Et puis, il y a eu l’arrivée d’un chameau. Le maire raconte : « Tout a commencé avec l’arrivée d’un chameau qui faisait tout le temps non de la tête et qui blatérait sans cesse. Nous l’avons eu au moment de la campagne de Mélenchon contre le Traité constitutionnel européen du 29 mai 2005. Nous avons trouvé un air de famille alors nous l’avons appelé Méluche». Vint ensuite un wallaby — petit kangourou — blanc albinos qui sautait beaucoup et que l’édile a décidé de surnommer DSK. Mais le wallaby était seul, beaucoup trop seul. Pas longtemps. Notre maire raconte : « Nous l’avons privé de femelle pendant six mois, et, ensuite, nous l’avons installé avec une femelle que nous avons appelée Martine… Vous imaginez DSK, condamné à vivre avec Martine Aubry ? » Et puis, dans la ménagerie, il y a aussi Harlem, le taureau tibétain. Il paraît, selon le maire, que « c’est un gros fainéant. Il est vraiment très chiant». Mais où en est affectivement Najat, la lama. Pas de souci. Elle vit des moments heureux avec le lama Boris. Boris ? Explication du maire Christian Schoettl : « Boris est le mari de la ministre. On n’est pas salauds, on ne les a pas séparés ». En voici un original, comme on les aime ! Dernière déclaration de l’édile : « Notre commune est la dernière à maintenir son recours au Conseil d’État contre la réforme des rythmes scolaires. Dans ce combat, nous n’avons jamais pu avoir le moindre contact avec la ministre. Cela témoigne d’un certain dédain qui mérite bien un nom d’animal dans notre petit parc. »
LOUIS ALIOT BALANCE, BALANCE…
Il y a ainsi des individus qu’il vaut mieux ne pas avoir comme voisins, en des périodes troublées. Nos amis Rivaroliens de Perpignan, Laurent et Philippe, mon amie Hilde, ancienne députée du Vlaams Belang flamand, mon camarade catalan espagnol Enrique, me contactent, scandalisés. Ils ont la rage… Un récent référendum a donné aux partisans de l’indépendance de la Catalogne espagnole une immense majorité : 80 % des suffrages. Le tribunal administratif espagnol refusa de reconnaître le résultat du référendum. Soit. Des manifestations (pacifiques) eurent lieu, en Espagne, mais aussi en Catalogne française, à Perpignan, pour dénoncer la décision du tribunal administratif espagnol. Louis Aliot, le compagnon perpignanais de Marine Le Pen, ne trouva rien de mieux, au lieu de se taire et de ne pas se mêler des affaires internes d’un pays voisin qui est seul à même de décider de son destin, que d’envoyer une lettre dénonciatrice à la “préfète” des Pyrénées-Orientales, dans laquelle il s’insurge contre ce qu’il nomme des « groupes extrémistes» qui défilent dans Perpignan ou manifestent devant le consulat espagnol. Ce qu’il appelle “extrémistes” ce sont des personnes qui manifestent pacifiquement au son des tambours et des “gralles” (bombarde catalane) et qui applaudissent à la réalisation d’un “castell” (tour humaine) ou à des chants d’une chorale catalane… N’y a-t-il pas d’autres priorités, d’autres urgences en France que de s’immiscer à ce point dans le débat passionné sur l’indépendance ou non de la Catalogne espagnole quel que soit par ailleurs l’opinion que l’on est bien sûr libre d’avoir sur ce dossier de ce côté des Pyrénées ? Aliot ferait mieux de dire à sa concubine qu’elle doit urgemment réviser sa position sur le “grand remplacement” !
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